Commentaires composés - textes étudiés en cours pour le Bac

Pour mettre les commentaires composés faits chez soi, avec les corrections apportées par la prof et la synthèse postérieure après que le texte ait été étudié en classe. Je remets celui que j'ai fait pour le second texte (L'Emile, livre III) pour ceux qui n'ont pas pu le recevoir par mail :



Commentaire composé du second texte de l’Emile, livre III

Introduction :
Originaire de Genève, république au XVIIIème siècle, Rousseau a toujours attaché une place particulière au citoyen dans la société : on le voit particulièrement dans le Contrat Social. Dans l’Emile, le philosophe essaie d’apporter une nouvelle conception de l’enfant et de l’éducation. En quoi Rousseau écrit-il un roman éducateur novateur à travers cet extrait traitant du rôle du citoyen dans la société ? Nous étudierons d’abord les définitions de l’homme et du citoyen que le philosophe nous donne ici, puis les distinctions qu’il fait dans la société. Enfin, nous analyserons le caractère éducatif de l’œuvre.

I) L’homme et le citoyen
1) L’homme
• Début du texte : « l’homme et le citoyen » (l.1)
• Définition de l’homme « hors de la société » comme un être vivant « comme il lui plaît »
• « L’élever à état d’homme » --> définition de l’homme parfait comme travailleur, mais surtout artisan.

2) Le citoyen
• « Travailler est donc un devoir indispensable à l’homme social » --> la société est basée sur un devoir premier du citoyen : celui du travail.
• Le citoyen est « l’homme social » : l’homme de la nature évoluant dans une communauté de ses semblables au départ (société qui contracte des rituels, habitudes, règles, etc.)

3) La société et le travail
• Dans la société, l’homme vit « au dépens des autres » et doit travailler en échange : les notions de droits et de devoirs se profilent --> mots que Rousseau met en avant dans son éducation civique malgré la liberté qu’il prétend offrir à l’enfant avant « la servitude civile » (L. II).
• La notion de devoir envers la société est abordée en divers endroits du texte : « dette sociale ; devez […] aux autres ; fait pour la société ; (in)utile à ses semblables ; devoir indispensable. »

Transition : Mais, si le philosophe énonce des principes civiques sur le rôle moral du citoyen, il distingue différentes catégories de citoyens dans la société qui lui est contemporaine.

II) Une distinction marquée des rôles dans la société
1) Apologie de l’artisanat
• C’est le travail le plus proche de « l’état de nature ». Connaissant l’importance que Rousseau accorde à cette notion, elle n’est pas anodine.
• « Si tu n’as point [d’héritage], que faire ? Apprends un métier »  Rousseau montre ici la solution qu’il préconise. Ayant lui-même vécu trois années dans l’atelier d’un maître graveur, c’est en connaissance de la condition des artisans qu’il parle.

2) Apologie de l’agriculture
• C’est le travail le plus proche de l’homme social originel, lors de sa première sédentarisation. Il le considère comme « le plus noble » des métiers.
• Cependant, la dépendance du laboureur par rapport à son champ est évoquée. Voulant enseigner la liberté individuelle à son Emile, il lui recommande plus la voie de l’artisanat que celle de l’agriculture, malgré le fait qu’il lui ait appris « les travaux rustiques » très tôt.

3) Méfiance et dénonciation du noble oisif
• Rousseau dénonce les nobles ayant hérité d’une fortune et, de ce fait, ne travaillant pas. Il les compare à des « fripons » ; « brigands ».
• Pour appuyer son argumentation, il tente de persuader le lecteur en faisant appel à son sens moral : « il n’est point juste ». (l. 11).

Transition : Si Rousseau établit des distinctions et des jugements sur sa société, son œuvre a avant tout une importante dimension éducative.

III) La dimension éducative
1) Eduquer Emile
• Evocation de l’initiation précoce aux « travaux rustiques ».
• « c’est à eux qu’il revient sans cesse » --> cet apprentissage doit marquer l’enfant pour qu’il puisse plus grand s’appuyer sur cette expérience. Rousseau appuie son discours par l’utilisation de la métaphore « cultive l’héritage » : quand Emile héritera, c’est l’image de l’agriculture qui devra s’imposer à lui.
• L’enfant doit aussi apprendre un métier d’artisan pour ne pas se retrouver dépourvu de toute fortune s’il arrive un jour qu’il soit dépossédé de ses richesses.

2) Eduquer sa société ; les nobles au XVIIIème siècle
• Rousseau a conscience de la condition sociale de ses lecteurs contemporains : « puisque vous êtes nés favorisés ». Il s’adresse à eux à la seconde personne du pluriel, et les rappelle à leur devoir en insistant sur leur importance dans la société.
• Rousseau a au départ écrit ce livre pour la « bonne mère » évoquée dans la préface. « Un métier à mon fils ! […] Monsieur, y pensez-vous ? » y fait référence. Il fait parler cette femme pour mieux contredire ses arguments.

3) Eduquer l’Homme
• Au-delà de ses lecteurs directs, Rousseau veut apporter à travers l’Emile une nouvelle conception de l’éducation. Si l’on considère Emile comme l’incarnation de l’Homme que Rousseau essaie d’éduquer, la phrase : « je veux l’éduquer à état d’homme » prend un nouveau sens. Le philosophe essaie d’arracher l’Homme aux vices que la société lui a fait contracter en le ramenant au plus près de l’état de nature.

Conclusion :
Nous avons vu la dimension civique de l’œuvre et la mission d’éducation qui transparaît dans cet extrait. La vision du philosophe sur sa société est novatrice, et la méfiance vis-à-vis de l’héritage comme facteur d’oisiveté chez la noblesse est d’une exemplaire modernité au XVIIIème siècle. De nombreux philosophes s’inspirent de cette vision, comme Marx et Proudhon au XIXème siècle, le « il vole aux autres [sa richesse] » (l. 5) faisant office d’écho précurseur quoique atténué au « la propriété, c’est le vol » de Proudhon.

Voici la note, la correction et les appréciations de la prof :

13/20 : Bonne compréhension du texte. C'est EXCELLENT pour l'avenir. Il faut veiller toutefois à mieux commenter le style du texte et la démarche argumentative.

I)1) : certes, mais le mot "élever" est à commenter.
I)2) : certes, mais appuyez-vous sur une analyse plus rigoureuse du vocabulaire du texte.
II)2) certes, mais montrez mieux comment s'exprime la philosophie sensualiste de Rousseau.
II)3) Montrez mieux pourquoi Rousseau recommande la voie de l'artisanat à Emile : à relier à la notion de propriété (cf. : Discours sur les inégalités, Contrat Social)
III)1) Relier à la notion de liberté.

Bref, si je devais résumer un peu les faiblesses du commentaire : les procédés argumentatifs ne sont pas assez étudiés, de même que le style de Rousseau. La philosophie rousseauiste n'est pas assez mise en valeur ici (mais ça, c'est plus pour une optique Bac que juste premier commentaire de l'année : il faut relier les oeuvres de Rousseau entre elles), et il aurait fallu peut-être un peu plus étudier les figures de style/vocabulaire/etc.

en comparant ton CC et celui de la prof, le sien donne plus d'importance au style de Rousseau et à comment sa pensée est exprimée, et le tien donne plus d'importance au fond de sa pensée. seulement, tu commentes non pas l'argumentation, mais le raisonnement de Rousseau.
des quatre txtes qu'on a de Rousseau, je trouve que c'est le plus théorique, donc peut-être le plus facile à commenter si on ne tombe pas dans l'un des deux extrêmes représentés par les deux CC.
le raisonnement ezst purement déductif