plan de commentaire du texte 1 de l'émile

LA QUESTION DE L’HOMME DANS LES GENRES DE L’ARGUMENTATION

Jean Jacques Rousseau 1712-1778
L’EMILE Livre II, 1762

Plan possible de commentaire

I- Le texte est un chapitre d’un manuel d’éducation, et a donc pour but d’éduquer le lecteur
A) Le rapport entre le locuteur et le destinataire correspond à celui qu’entretient le pédagogue avec les parents de son élève. Ainsi, l’auteur inclut le lecteur dans son discours, par le biais d’impératifs à la 1ère personne du pluriel (« revenons » l.1 ; « souffrons » l.34 ; « laissons » l. 36). Il énonce en outre de nombreux ordres et défenses à ceux-ci, comme on peut le voir avec les termes et expressions : « Que ces instituteurs (…), que ces pères (…) viennent » l.38-40 ; « il faut » l.52, l.58 ; « faites » l. 58, l.60 ; « soyez sûrs » l.61.
B) D’autre part, l’auteur se sert de nombreuses vérités générales et de nombreux principes pour appuyer son discours. En effet, on peut relever des phrases telles que « La nature a fait les enfants pour être aimés et secourus » l.1-2, « S’il n’y a point d’objet si digne de risée qu’un enfant hautain, il n’y a point d’objet si digne de pitié qu’un enfant craintif » l.30-32, « avec l’âge commence la servitude civile » l.33, « Avant l’âge de raison, l’on ne saurait avoir aucune idée des êtres moraux ni des relations sociales » l.50-52 ou encore « La première fausse idée qui entre dans sa tête est en lui le germe de l’erreur et du vice » l.56-57.
C) Enfin, grâce à l’utilisation de futurs, il nous explique les diverses conséquences des modes d’éducation qu’il critique, afin de nous éduquer (cf : « (…) de peur que l’enfant n’attache d’abord à ces mots de fausses idées qu’on ne saura point ou qu’on ne pourra plus détruire » l.54-55 ; « (…) sans quoi, soyez sûr qu’il ne vous écoutera point du tout, ou qu’il fera du monde moral (…) des notions fantastiques que vous n’effacerez de la vie » l.61-64).

II- L’auteur nous explique les écueils d’éducation à éviter
A) La structure du texte met en évidence deux principaux écueils : une éducation où l’enfant se comporte en tyran, et une autre où il est objet d’obéissance servile. Ainsi on remarque le balancement entre ces deux systèmes extrêmes par le biais de la locution « d’autre part » (l.25). En outre, on observe une symétrie dans la construction de ces deux idées, qui débutent par une série de questions rhétoriques, comme on peut le voir avec les deux phrases suivantes : « (…) les a-t-elle fait pour être obéis et craints ? » l.2-3 ; « (…) qui ne voit que la faiblesse du premier âge enchaîne les enfants de tant de manières qu’il est barbare d’ajouter à cet assujettissement celui de nos caprices (…) ? » l.25-30.
B) Outre cela, l’auteur emploie des images frappantes qui ridiculisent ces deux systèmes d’éducation (raisonnement analogique). On peut ainsi relever des images guerrières (« rugissement d’un lion » l.5-6 ; « prosternés devant un enfant en maillot » l.10), qui font contrastes avec la réalité de l’enfant, qui « bave pour toute réponse » (l.11-12). Celles-ci poussent le lecteur à se rallier à la thèse de l’auteur, en jouant à la fois sur son esprit de géométrie (convaincre) et sur son esprit de finesse (persuader).
C) Le dernier écueil auquel peut être confronté un parent est celui d’employer un langage inapproprié. Pour Rousseau, il faut employer un langage qui se rattache à la nécessité et aux besoins, et non à des principes moraux, qui ne sont pas encore assimilables par l’enfant, et qui restent pour lui à l’état d’idées. C’est pourquoi les termes d’ « obéir et de commander seront proscrits de son dictionnaire, encore plus ceux de devoir et d’obligation ; mais ceux de force, de nécessité, d’impuissance et de contrainte y doivent tenir une grande place » (l.46-50)

III- De la méthode pédagogique à la théorie sur la nature humaine
A) Derrière la critique de ces pratiques pédagogiques se cache une condamnation des théories sur l’éducation et sur l’enfant qui s’y rattachent. En effet, Rousseau, contre tous les systèmes éducatifs de son époque, entend redonner à l’enfant toute sa « liberté naturelle » (l.37), afin de permettre son épanouissement. Il ne veut pas lui donner un traitement d’homme adulte, contrairement à ce « corps de magistrats (…) prosternés devant un enfant »(l.9-10) ou encore à ceux qui réduisent l’enfant en « esclavage » (l.38). On peut pourtant souligner un paradoxe, à savoir que lorsque Rousseau se met à développer sa théorie sur l’enfant, il emploie la phrase « Je reviens à la pratique » (l.43).
B) Puis, Rousseau développe sa thèse en opposant le modèle qui se rattache aux éléments relatifs à la morale au modèle de la nature. Il considère qu’il ne faut pas précipiter l’éducation d’un enfant en lui inculquant des idées qu’il est trop jeune pour concevoir. Par ailleurs, s’il rejette les deux précédents modèles d’éducation, c’est parce qu’il sont contraires au principe naturels et à l’épanouissement de l’enfant («La nature a fait les enfant pour être aimés et secourus ; mais les a-t-elle fait pour être obéis et craints ? » l.1-3 ; « Qu’y a-t-il donc de plus choquant, de plus contraire à l’ordre, que de voir un enfant impérieux et mutin commander à tout ce qui l’entoure (…) ? » l.19-24).
C) Enfin, le texte nous permet de comprendre l’aspect essentiel de l’éducation selon Rousseau, à savoir une adéquation entre ce qui est apprit à l’enfant et les capacités cognitives dont il dispose. Il s’agit comme il le dit dans le livre IV d’une « éducation négative », qui consiste plus, non pas à apprendre de nouvelles choses à l’enfant, mais plutôt à ne pas lui en apprendre qu’il ne saurait comprendre et qui seraient des entraves à une éducation fidèle aux principes de la nature, comme on peut le voir ici : « (…) soyez sûrs qu’il ne vous écoutera point du tout, ou qu’il fera du monde moral, dont vous lui parlez, des notions fantastiques que vous n’effacerez de la vie » l.62-64.

J'ai enfin eu le temps de lire ton commentaire, je ne sais pas quelle note t'a mise la prof mais je pense que c'est du bon travail. Accessoirement, tu aurais pu penser à mettre des titres à tes parties/sous-parties pour plus de clarté, mais ça ne gène pas tant que ça.

Les quelques points (qui me semblent) négatifs que j'ai pu relever sont :
_ La partie I)C) qui me convainc moyennement (disons que si ç'avait été un vrai commentaire, ça aurait été difficile d'étoffer jusqu'aux 15 lignes réglementaires, selon moi.)
_ Je me demande le commentaire de la prof quant au "paradoxe", mais je pense au contraire que cette formule est appropriée au contexte : après avoir développé ses thèses sur les éducations à éviter, il donne sa thèse sur l'enfant, mais finit par des impératifs destinés aux parents quant à la manière d'éduquer leur enfant selon cette thèse : c'est la pratique.
_ L'éducation négative dont tu parles est abordée plutôt dans le livre II (là où il faut la mettre en pratique, et également là d'où est tiré cet extrait) que dans le livre IV. Mais ce n'est pas très grave.

Sinon, tu avais écrit introduction/conclusion ou tu as juste oublié de les mettre ?

c'est quoi la problématique?
edit : c'est bon, j'ai pris "comment rousseau communique-t-il son modèle d'éducation au lecteur et comment justifie-t-il ce modèle?". merci